01 juin 2016

Elle, Verhoeven dans la veine chabrolo-hitchcockienne

Parfait dans la maîtrise psychologique de ses personnages, Paul Verhoeven pèche par un excès de facilité dans le déroulé du scénario. Cela nuit grandement à la crédibilité de l'ensemble.


On n'y croit pas une seconde. Certes, le cinéma n'a pas à être le reflet de la réalité - surtout pas d'ailleurs - mais bon... Croire un minimum à ce qu'on nous propose peut quand même aider, de temps en temps. Les critiques sont plutôt bonnes, donc admettons naviguer à contre-courant. On est passé à côté d'Elle. Comment ça, ce ne serait pas la première fois ?

Pas crédible du tout

A aucun moment, on a accepté le postulat de départ, offert par Paul Verhoeven. Au début, même, on l'avoue : on a été gêné par le jeu d'Isabelle Huppert - on est gêné de notre gêne. Car, évidemment, c'est pas n'importe qui Isabelle. On ne peut pas la soupçonner d'être mauvaise actrice. Fou-fou qui penserait cela.
Alors quoi ? Pas crédible cette histoire de working girl agressée et violée, chez elle, par un inconnu cagoulé ? Bah... non. Le cadre global de cette histoire sonne faux, de bout en bout. A commencer par la réaction d'Isabelle Huppert devant un tel drame... Même chose avec les développements qui suivent, et dont on ne peut pas trop parler.

Dans la veine chabrolo-hitchcockienne
En bas, le chat. En haut, Isabelle Huppert.

Mais, à défaut de disséquer le scénario, et dire ce qui nous chagrine, au moins peut-on s'arrêter sur le travail de Verhoeven. Il livre un film très français, avec les gentilles scènes de bouffe familiale qui commencent à lasser un peu. Un brin chabrolien, en somme, mâtiné de Hitchcock pour le suspense et le huis-clos. Classique, donc. Et pas follement innovant, du coup...
Si, au moins, la mise en scène venait nous époustoufler. Mais même pas. Attention, hein, ne nous faites pas dire... C'est bien fait, évidemment. Mais ça ne nous scotche pas. Tant pis. Alors, on se raccroche à l'atmosphère distillée. Il flotte, dans Elle, quelque chose de malsain, d'ambigu et de sombre. Les gentils le sont-ils tant que ça ? Et puis pourquoi les méchants sont-ils méchants, tant qu'on y est ?

Parfaite maîtrise psychologique

A gauche, Isabelle Huppert. A droite, un bout de cul.
Psychologiquement, c'est assez parfaitement maîtrisé. Las, la construction des personnages privilégie le fond à la forme. On s'attache à découvrir leurs failles, leurs tensions et pulsions inavouées. Mais, en revanche, on n'arrive pas à s'émouvoir de leur enveloppe, leur paraître. Marrant, d'ailleurs, de dire cela quand, tant de fois, on hurle le contraire... Si la complexité des sentiments est excellemment mise en lumière, on reste sur notre faim, malgré tout. La faute aux trop grandes facilités du scénario. Le rôle incarné par Virginie Efira est à ce titre exécrable. Propre à tout foutre en l'air.



Bilan : On peut s'en passer - Moyen - A voir - Excellent
Note : 10/20

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