12 novembre 2015

Vigée Le Brun affiche sa modernité au Grand Palais

De Vigée Le Brun, on connaît ses portraits de Marie-Antoinette, symboles d'une époque moribonde. Mais c'est ignorer tout le reste de l'oeuvre de la peintre qui, née en 1755, a vécu jusqu'en 1842. Le Grand Palais laisse entrevoir, dans ses portraits, quelques signes de modernité déjà.


Evidemment, Marie-Antoinette... Evidemment, quelques années avant la Révolution, ces peintures de cour qui, tout juste livrées, se trouvent balayées par l'Histoire, comme appartenant à une époque révolue. Elisabeth Vigée Le Brun en ultime peintre d'Ancien Régime, coincée dans un art pictural moribond. Compassée dans l'art des portraits sans rien voir de la modernité affleurant, annonçant les envolées légères du XIXème siècle.

Annonciatrice de la modernité du XIXème

Voilà pour l'image, tenace, qui colle aux pinceaux de Vigée Le Brun. L'une des rares femmes peintres à avoir traversé les siècles, pourtant. Parce que Marie-Antoinette, certes. Et parce que figeant pour l'éternité ce bonheur suranné d'une mère de famille, bientôt emporté par la Révolution, bien sûr.
Mais pas que. Surtout pas que ! Si Vigée Le Brun reste présente, encore, c'est qu'elle vaut mieux que cela. Bien mieux. Elle n'a pas cessé de vivre, de peindre, avec la famille royale. Née en 1755, elle meurt en 1842 seulement. C'est dire si son art s'est développé bien au-delà de ces années 1780 d'insouciance.
Vigée Le Brun, grand portraitiste de l'aristocratie européenne, est une femme entre deux époques, gardienne des techniques picturales du passé mais, aussi, annonciatrice, ou du moins accompagnatrice, de la modernité du XIXème siècle.

Un regard coquinou par-ci, un sourire taquin par là
Dans ce portrait de Julie,
la fille de Vigée Le Brun,
toute une modernité qui s'annonce.

C'est tout l'intérêt de l'exposition qui lui est consacrée au Grand Palais que de montrer cette évolution. Si l'on admire ainsi ses portraits de cour, on suit surtout l'évolution de son art. Vigée Le Brun peint en plein air, s'essaie à capturer le réel, comme il vient, les couleurs, les atmosphères.
Elle s'amuse, surtout, à libérer les corps, les visages. C'est subtil, presque imperceptible, mais on voit, au fil des années, ses portraits se faire plus aériens. Ici, une bouche entrouverte, là une lèvre pulpeuse, un regard coquinou, un sourire taquin. Pour nous, le meilleur exemple de tout cela est à voir dans le portrait de sa fille Julie en baigneuse. Cela date de 1792, mais ne déparerait pas classé une bonne cinquantaine d'années plus tard.

Elisabeth Vigée Le Brun
Grand Palais
Paris
Jusqu'au 11 janvier 2016 

Vigée Le Brun d'Ancien Régime

Marie-Antoinette, 1778.

Marie-Antoinette et ses enfants, 1787.
La portraitiste et la peintre classique
Comtesse du Barry

Autoportrait


Autoportrait

Le concert espagnol.
De petites touches de modernité



Bacchante, 1785

Madame Grand, 1783

La baronne de Crussol Florensac, 1785

Julie en baigneuse, 1792.


Lady Hamilton en bacchante
devant le Vésuve, 1792.

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